La datte tient salon
Moins de 5 millions de pieds de palmier dattier, au lieu de 15 millions il y a un siècle C`est l`un des chiffres significatifs du recul de la phoeniculture marocaine. Pour redresser la filière, une stratégie a été conçue. Le Salon international des dattes étant l`un des maillons.
De grandes tentes de 7 000 m²,
sur trois hectares, au bord de
la principale voie de la petite
ville d`Erfoud. Ce qu`il faut pour accueillir
au moins une centaine d`exposants
et 50 000 visiteurs. C`est le premier
Salon international des dattes du
Maroc (ou Sidattes), qui arrive en renfort
du Moussem de la datte célébré
depuis 1940 Une façon pour le ministère
de l`Agriculture de contribuerà
impulser une renaissance de la datte et
un renouveau du secteur économique
phoenicole.
Il faut dire que la situation a de quoi
inquiéter. Le nombre de pieds au Maroc,
15 millions il y a un siècle, est,
depuis lors, plus que divisé par trois !
D`où un programme de restauration
et de restructuration des palmeraies.
Entre autres objectifs : planter 1,4 million
de palmiers d`icià 2014 et 3 millions
à l`horizon 2020.
En marge du salon, et en vue de
rendre effectif le Contrat-programme
(d`un budget global de 7,5 milliards
de dirhams), des partenariats ont été
officialisés pour la mise en valeur du
patrimoine agricole concerné. Aussi
le ministre de l`Agriculture Aziz Akannouch
a-t-il présidé une cérémonie de
signature d`une convention et deux
contrats totalisant un montant de 800
millions de dirhams.
M. Akhannouch, au nom du gouvernement,
et Tariq Sijilmassi, en sa qualité
de président du directoire du Crédit
agricole du Maroc, ont cosigné la
convention. Cette dernière porte sur
le financement de 35 000 producteurs agricoles bénéficiant du programme
de développement et de réhabilitation
du palmier dattier. Aussi, ce projet, qui
couvre une zone oasienne de 47 000
hectares avec une enveloppe budgétaire
de 737 millions de dirhams,
entend compléter le financement de
l`à‰tat, qui est de l`ordre de 35 milliards
de dirhams, répartis sur dix ans.
Les deux contrats, quantà eux, sont
deux marchés conclus avec la société
Qualiagro et le laboratoire Issemghy Biotechnologie. Estimésà 64 millions
de dirhams, ces contrats portent sur la
fourniture de près de 250 000 plants
de palmier dattier destinés aux agriculteurs
des zones oasiennes avec le
soutien de l`Agence du partenariat
pour le progrès (APP). Par ailleurs, les
plants de palmier dattier seront distribués
aux agriculteurs des zones oasiennes
au niveau de 12 palmeraies
situées dans les provinces de Zagora,
Er-Rachidia, Tinghir, Tata et Figuig.
Ces signatures s`inscrivent dans la dynamique
de la relance de la filière dattière
dans le cadre du plan Maroc vert
[lire la synthèse du secrétaire général
de l`Inra, pp. 16-17] et du lancement,
sur instructions royales, de l`Agence
nationale pour le développement des
zones oasiennes et de l`arganier.
L`union fait la force
Sur le terrain, la structuration de l`entrepreneuriat
phoenicole s`avère être
fragile. En effet, on a affaire à un tissu
producteur composé à 95 % de coopératives
et autres regroupements familiaux
éparpillés en groupuscules,
doncà faible niveau économique.
« Or il s`agit dorénavant de promouvoir
d`autres formes de groupes de
producteurs, plus solides, tels que
de grandes coopératives, de grandes
unions de producteurs. Ce qui leur
donnerait une certaine force sur le
marché », déclare Mohamed Darfaoui,
directeur régional de l`Agriculture
de Guelmim/Smara.
Le défià relever est également social.
Dans un contexte d`absence de
politique volontariste durant de nombreuses
années, conjuguée à la dégradation
des conditions environnementales,
la déchéance du palmier dattier
a accentué l`exode rural et, partant, la
difficulté à trouver des personnes qualifiées
pour le travail phoenicole. Environ
un million et demi de personnes
vivraient aujourd`hui de cette activité.
Autre contrainte : les aléas de la nature
(sécheresse, maladies végétales,
salinité, etc.). C`est pourquoi l`une des
ambitions majeures du Contrat-pro-gramme est de multiplier le nombre
de fermes de plants de dattiers in vitro.
La première et seule expérience pilote
est celle de la ferme Les Riads du Tafilalet,
à environ une heure et demie
de route d`Erfoud. Monté il y a cinq
ans sur le modèle émirien, le projet
livre les fruits de sa première récolte
cette année et escompte un retour sur
investissementà partir de la septième
année. Sachant que le budget d`investissement
est de plus de 150 millions
de dirhams. Pour le ministre de tutelle,
qui a visité le site, « c`est un projetà
généraliser dans toutes les régions productrices
».
Les à‰mirats arabes unis,
en première ligne
Les à‰mirats arabes unis, dont les représentants
ont reçu le Prix de la
meilleure participation internationale,
lorgnent sur le marché marocain.
Teeba Engineering Industries LLC, société émirienne spécialisée dans la
fabrication du matériel du traitement
des dattes, a un projet de partenariat
avec le ministère de l`Agriculture marocain.
Il consisterait en l`implantation
d`une unité agro-industrielle de traitement
des dattes, d`amont en aval, ce
qui serait une première au Maroc.
Bref, le redressement de l`activité relative
aux dattes peut être technologiquement
mieux accompagné. Plus
lucratif aussi. « On peut gagner de
l`argent avec cela si l`on gère bien son
entreprise de l`amont jusqu`à l`aval
: choix de bonnes variétés, conduite
technique adéquate jusqu`au conditionnement,
emballage de qualité, et
ainsi de suite », martèle sereinement
Klaus Goldnick, chef d`équipe dans
le Projet Arboriculture-Fruitier (au sein
du Programme MCA Maroc). cet
égard, une piste : une première grappe
de producteurs du Tafilalet viennent de voir leurs dattes Mejhoul distinguées
par l`estampille Indication géographique
protégée.
Conseil en entrepreneuriat
La valorisation socioéconomique
du patrimoine dattier intéresse certains
jeunes. Quelque 20 étudiants
de l`à‰SCA ont encadré un groupe de
femmes du Tafilalet (baptisé El-Waha,
à Aoufous) pour oeuvrerà l`amélioration
de leur production et surtout
de leur commercialisation de dattes.
C`était l`un des projet-phare de l`édition
2007-2008 de la compétition
SIFE Morocco, mettant en émulation
des élèves d`écoles de commerce et
d`ingénierie, dans le but de stimuler
l`esprit d`entreprise au sein de la jeunesse.
Une autre coopérative féminine de la
région (El-Moustakbal,à Jorf) a bénéficié,
elle, du soutien du Pnud et du
parrainage de Kraft, pour perfectionner
ses techniques de production de
« café de dattes » [voir ResAgro de
septembre]. L`un des stands du Sidattes
présentait, entre autres choses,
un produit de ce type. « Je ne suis pas
courant de ce projet de Jorf, explique Jilali
Amari, herboriste à Erfoud. Ce que
je sais, c`est que nous sommes plusieurs
petites entitésà se lancer dans la torréfaction
artisanale de noyaux de dattes ».
La poudre de « café de dattes » qu`il
nous fait humer est délicatement parfumée,
et ce,à l`aide d`« additifs naturels
» qu`il ne nomme pas. quand
des capsules ou des dosettes de « café
de dattes », issu notamment des oasis
marocaines ?
De grandes tentes de 7 000 m²,
sur trois hectares, au bord de
la principale voie de la petite
ville d`Erfoud. Ce qu`il faut pour accueillir
au moins une centaine d`exposants
et 50 000 visiteurs. C`est le premier
Salon international des dattes du
Maroc (ou Sidattes), qui arrive en renfort
du Moussem de la datte célébré
depuis 1940 Une façon pour le ministère
de l`Agriculture de contribuerà
impulser une renaissance de la datte et
un renouveau du secteur économique
phoenicole.
Il faut dire que la situation a de quoi
inquiéter. Le nombre de pieds au Maroc,
15 millions il y a un siècle, est,
depuis lors, plus que divisé par trois !
D`où un programme de restauration
et de restructuration des palmeraies.
Entre autres objectifs : planter 1,4 million
de palmiers d`icià 2014 et 3 millions
à l`horizon 2020.
En marge du salon, et en vue de
rendre effectif le Contrat-programme
(d`un budget global de 7,5 milliards
de dirhams), des partenariats ont été
officialisés pour la mise en valeur du
patrimoine agricole concerné. Aussi
le ministre de l`Agriculture Aziz Akannouch
a-t-il présidé une cérémonie de
signature d`une convention et deux
contrats totalisant un montant de 800
millions de dirhams.
M. Akhannouch, au nom du gouvernement,
et Tariq Sijilmassi, en sa qualité
de président du directoire du Crédit
agricole du Maroc, ont cosigné la
convention. Cette dernière porte sur
le financement de 35 000 producteurs agricoles bénéficiant du programme
de développement et de réhabilitation
du palmier dattier. Aussi, ce projet, qui
couvre une zone oasienne de 47 000
hectares avec une enveloppe budgétaire
de 737 millions de dirhams,
entend compléter le financement de
l`à‰tat, qui est de l`ordre de 35 milliards
de dirhams, répartis sur dix ans.
Les deux contrats, quantà eux, sont
deux marchés conclus avec la société
Qualiagro et le laboratoire Issemghy Biotechnologie. Estimésà 64 millions
de dirhams, ces contrats portent sur la
fourniture de près de 250 000 plants
de palmier dattier destinés aux agriculteurs
des zones oasiennes avec le
soutien de l`Agence du partenariat
pour le progrès (APP). Par ailleurs, les
plants de palmier dattier seront distribués
aux agriculteurs des zones oasiennes
au niveau de 12 palmeraies
situées dans les provinces de Zagora,
Er-Rachidia, Tinghir, Tata et Figuig.
Ces signatures s`inscrivent dans la dynamique
de la relance de la filière dattière
dans le cadre du plan Maroc vert
[lire la synthèse du secrétaire général
de l`Inra, pp. 16-17] et du lancement,
sur instructions royales, de l`Agence
nationale pour le développement des
zones oasiennes et de l`arganier.
L`union fait la force
Sur le terrain, la structuration de l`entrepreneuriat
phoenicole s`avère être
fragile. En effet, on a affaire à un tissu
producteur composé à 95 % de coopératives
et autres regroupements familiaux
éparpillés en groupuscules,
doncà faible niveau économique.
« Or il s`agit dorénavant de promouvoir
d`autres formes de groupes de
producteurs, plus solides, tels que
de grandes coopératives, de grandes
unions de producteurs. Ce qui leur
donnerait une certaine force sur le
marché », déclare Mohamed Darfaoui,
directeur régional de l`Agriculture
de Guelmim/Smara.
Le défià relever est également social.
Dans un contexte d`absence de
politique volontariste durant de nombreuses
années, conjuguée à la dégradation
des conditions environnementales,
la déchéance du palmier dattier
a accentué l`exode rural et, partant, la
difficulté à trouver des personnes qualifiées
pour le travail phoenicole. Environ
un million et demi de personnes
vivraient aujourd`hui de cette activité.
Autre contrainte : les aléas de la nature
(sécheresse, maladies végétales,
salinité, etc.). C`est pourquoi l`une des
ambitions majeures du Contrat-pro-gramme est de multiplier le nombre
de fermes de plants de dattiers in vitro.
La première et seule expérience pilote
est celle de la ferme Les Riads du Tafilalet,
à environ une heure et demie
de route d`Erfoud. Monté il y a cinq
ans sur le modèle émirien, le projet
livre les fruits de sa première récolte
cette année et escompte un retour sur
investissementà partir de la septième
année. Sachant que le budget d`investissement
est de plus de 150 millions
de dirhams. Pour le ministre de tutelle,
qui a visité le site, « c`est un projetà
généraliser dans toutes les régions productrices
».
Les à‰mirats arabes unis,
en première ligne
Les à‰mirats arabes unis, dont les représentants
ont reçu le Prix de la
meilleure participation internationale,
lorgnent sur le marché marocain.
Teeba Engineering Industries LLC, société émirienne spécialisée dans la
fabrication du matériel du traitement
des dattes, a un projet de partenariat
avec le ministère de l`Agriculture marocain.
Il consisterait en l`implantation
d`une unité agro-industrielle de traitement
des dattes, d`amont en aval, ce
qui serait une première au Maroc.
Bref, le redressement de l`activité relative
aux dattes peut être technologiquement
mieux accompagné. Plus
lucratif aussi. « On peut gagner de
l`argent avec cela si l`on gère bien son
entreprise de l`amont jusqu`à l`aval
: choix de bonnes variétés, conduite
technique adéquate jusqu`au conditionnement,
emballage de qualité, et
ainsi de suite », martèle sereinement
Klaus Goldnick, chef d`équipe dans
le Projet Arboriculture-Fruitier (au sein
du Programme MCA Maroc). cet
égard, une piste : une première grappe
de producteurs du Tafilalet viennent de voir leurs dattes Mejhoul distinguées
par l`estampille Indication géographique
protégée.
Conseil en entrepreneuriat
La valorisation socioéconomique
du patrimoine dattier intéresse certains
jeunes. Quelque 20 étudiants
de l`à‰SCA ont encadré un groupe de
femmes du Tafilalet (baptisé El-Waha,
à Aoufous) pour oeuvrerà l`amélioration
de leur production et surtout
de leur commercialisation de dattes.
C`était l`un des projet-phare de l`édition
2007-2008 de la compétition
SIFE Morocco, mettant en émulation
des élèves d`écoles de commerce et
d`ingénierie, dans le but de stimuler
l`esprit d`entreprise au sein de la jeunesse.
Une autre coopérative féminine de la
région (El-Moustakbal,à Jorf) a bénéficié,
elle, du soutien du Pnud et du
parrainage de Kraft, pour perfectionner
ses techniques de production de
« café de dattes » [voir ResAgro de
septembre]. L`un des stands du Sidattes
présentait, entre autres choses,
un produit de ce type. « Je ne suis pas
courant de ce projet de Jorf, explique Jilali
Amari, herboriste à Erfoud. Ce que
je sais, c`est que nous sommes plusieurs
petites entitésà se lancer dans la torréfaction
artisanale de noyaux de dattes ».
La poudre de « café de dattes » qu`il
nous fait humer est délicatement parfumée,
et ce,à l`aide d`« additifs naturels
» qu`il ne nomme pas. quand
des capsules ou des dosettes de « café
de dattes », issu notamment des oasis
marocaines ?